Ijime, dame, zettai ! いじめ、ダメ、絶対!

baby-metal-2Je vous l’ai dit mille fois, au Japon il fait bon vivre. Les gens sont délicats, prévenants; l’air y est parfumé de fleurs de cerisier… Oui le Japon dans ses mythes, clichés mais aussi réalités semble être une destination de choix pour qui cherche paix sociale et intérieure.
Pourtant, l’aventure peut rapidement tourner au cauchemar en cela que la société japonaise, elle aussi, offre son lot de discriminations, dysfonctionnements ou violences, le plus souvent psychologiques.

Aucun milieu n’y échappe, ni même aucune tranche d’âge; le harcèlement, la mise à l’écart, l’abus de pouvoir, le harcèlement sexuel sont des concepts qui malheureusement ont bel et bien ancrage dans la société japonaise. Autant vous le dire d’entrée de jeu, comme c’est souvent le cas, les Japonais une fois encore, ne font pas les choses à moitié ! Je vous propose donc une petite mise en revue de toutes les raisons de vous méfier du sourire trop forcé, de l’aimable courbette ou du compliment intempestif car ceux-ci peuvent dissimuler des intentions bien plus sombres.

baby-metalSi vous suivez la musique japonaise, vous aurez peut-être entendu parler d’un groupe dénommé Baby Métal, qui comme son nom l’indique, est la rencontre entre, euh…, des jeunes filles très très jeunes (et habillées très très court) et de la musique métal. Nous ne sommes pas là pour ouvrir un débat musical mais plus pour nous intéresser à l’un de leur tube “Ijime, dame, zettai” (la traduction littérale est difficile tant le mot ijime est fort d’une réalité très culturellement marquée; néanmoins cela pourrait se traduire par “Non au harcèlement!”). Au Japon se faire “ijim-er” revient à subir des brimades constantes, à se faire ostraciser de la manière la plus cruelle qu’il soit, chose qui dans une société fondée sur le collectif, peut avoir des conséquences dramatiques sur l’individu touché. Que l’on soit mis à l’écart, tête de turque de sa classe, “bullied” pour reprendre le terme anglo-saxon, il ne semble pas y avoir de discrimination d’une société à l’autre, le “ijime” ne serait dès lors que partie d’un triste fond commun à la nature humaine. Pourtant, cette pratique au Japon me semble plus insidieuse car moins visible et donc de facto plus difficile à contrer. Il n’est pas évident de recevoir de l’aide quand le “bully” sait bien se cacher. En effet, sous couvert d’une attitude sociale irréprochable où la politesse et le respect d’autrui sont lois, le coupable se verrait donner le bon Dieu sans confession. Ce qui est le plus choquant à mon sens c’est de constater le fossé qu’il peut parfois exister entre le respect de la norme sociale et l’excès dans les dérives. Après de nombreuses années au Japon, j’ai eu loisir de me rendre compte que les Japonais ne font jamais rien à moitié. Pas de demi-mesure, pas de zone grise, pas de mi-figue mi-raisin, le Japon a un côté jusqu’au-boutiste qui est à la fois admirable et terrifiant. Le ijime n’échappe pas à cette règle, et les victimes sont souvent dans des situations psychologiques très précaires qui peuvent amener au suicide. C’est le cas dans d’autres pays, évidemment, ou malheureusement devrais-je dire, pour autant, il n’est pas inintéressant d’analyser les différences culturelles, même sur des sujets qui fâchent ! Qu’est-ce qui rend le “ijime” japonais si… japonais justement? Je l’annonçais en introduction, le contexte social est bien différent, et donne à ce harcèlement un caractère bien particulier.

L’individu japonais ne se définit que dans son appartenance à un groupe. Le “nous” prime sur le “moi”. Le développement social du jeune Japonais est toujours entendu dans une acception collectiviste. Le “moi” n’évolue donc pas seul mais dans une école, un quartier, une entreprise… Que se passe-t-il lorsque l’individu est violemment ostracisé, mis en marge du groupe ? Il y a tout simplement perte fondamentale de repères. Ne pas appartenir à un ensemble qui nous dépasse, revient au Japon à ne pas exister, tout simplement. Vous pressentez peut-être un peu mieux la violence et les effets psychologiques de ce ijime. Le groupe est une entité qui a sa vie propre, sa force et qui peut à bien des égards apporter un réconfort incroyable dans les moments les plus difficiles. Néanmoins, la société japonaise ne permet pas la mise en avant de la réussite individuelle ou simplement de l’individu. Ainsi quand votre groupe d’appartenance vous prend en grippe, quand vos camarades de classe décident de se liguer contre une même victime (la lâcheté du groupe contre l’individu dépasse les différences culturelles !), quand votre patron se met en tête que justement votre tête ne lui revient pas, attention ! L’approche frontale qui viendrait naturellement à l’esprit d’un Français par exemple, qui évolue dans une société où la parole individuelle a un poids véritable et peut s’exprimer sans honte, n’est pas des plus naturelles au Japon. En effet, lorsque l’on a pas été habitué à se défendre, à crier haut et fort ses principes sans peur de la réaction de l’autre, que faire ? Le Japonais a la tendance, à mon sens malsaine, de recourir au “gaman”.

Le “gaman” me dépassera toujours ! Je ne comprends pas comment il est possible dans certaines situations de se résigner. Car le “gaman” c’est la résignation. C’est le “on n’y peut rien”, “je ne peux rien faire”. Cet état d’esprit n’engendre donc aucune action pour se défaire d’une situation pénible. Votre patron vous terrorise ? Vous démissionnez, n’est-ce pas ? ou du moins vous tentez d’adresser le problème. Le Japonais traditionnellement fera “gaman” jusqu’à ce qu’il ait perdu la dernière parcelle de son âme ! Les Japonais ont une capacité à encaisser les coups et à en redemander ! Une telle attitude face à la vie est admirable et permet de s’élever au dessus de la contingence des événements et des vicissitudes de la vie. Pourtant, cette approche peut s’avérer dangereuse si ce n’est mortelle lorsque le ressenti ne suit pas la philosophie. La posture de “grand prince” devant un groupe de persécuteur est admirable, certes, mais si le mental ne suit pas, le grand prince peut rapidement devenir captif des donjons de sa propre résignation. Le savoir-dire-non est en cela primordial. Les Français savent le dire et ne se gênent guère en la matière ! Non à la monarchie, non à telle ou telle loi, tout le monde dans la rue à crier NON ! Certains diront que les Français vont trop loin, qu’ils sont réactionnaires, peut-être, mais cela n’est pas notre propos, toujours est-il que le refus de la fatalité pourrait s’avérer salvateur pour les Japonais en situation de ijime. Savoir extérioriser sa pensée profonde est une arme privilégiée contre les emmerdeurs de tous bords ! Les mots sont la source et la ressource de l’homme libre.

Rappelez-vous les propos de La Boétie dans son célèbre Discours de la Servitude Volontaire: “Or ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre. Il est défait de lui-même pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner.” Si vous vous retrouvez un jour en situation de ijime, ne donnez rien ! Ne donnez pas votre santé mentale, ne donnez pas prise, donnez à la rigueur une bonne paire de claques. Cette approche n’est somme toute pas la plus philosophique, mais elle soulage !

Matthieu Lavalard

いじめ、ダメ、絶対!

これまでに何度も申し上げたように、日本は住みやすい国です。人々は思いやりがあって親切。空気には桜の花の香りが漂い… そう、神話の中の日本、典型的な日本のイメージ。そして実際、治安の良さや心の平安を求めて日本にやってくる人もいるようです。
しかし、この冒険はすぐに悪夢に変わりかねません。日本の社会にも差別、機能不全、あるいは暴力、特に精神的な暴力が存在するのですから。

こうした問題は、あらゆる社会階層、あらゆる年代で生じています。執拗な攻撃、仲間外れ、権力の濫用、セクハラなどは、残念ながら日本社会にしっかりと根を下ろしています。初めに言っておくと、日本人はここでも徹底的にやりますよ!ですから今回の記事では、わざとらしい微笑み、愛想の良いお辞儀、あるいは場違いなお世辞などに用心する理由をすべておさらいしておきましょう。これらの裏には、より薄暗い思惑が隠されている場合があるのですから。

日本の音楽をフォローしている方なら、おそらくBABYMETAL(ベビーメタル)というグループの名を耳にしたことがあるでしょう。名前が示す通り、若い女性たち、それもとっても若い(そして非常にスカートの短い)女性たちと… メタルとが融合したユニットです。ここでは音楽に関する議論を展開するのではなく、彼女たちの曲「イジメ、ダメ、ゼッタイ」に注目したいと思います(イジメという単語は極めて文化的な現実を反映しているので、これをフランス語に直訳するのは難しいです。それでも“Non au harcèlement !(ハラスメントはダメ)”と訳せるでしょうか)。日本で「イジメられる」とは、常に嫌がらせをされたり、これ以上ないほど残酷な形で排斥されたりすることであり、特に後者は、集団を基盤とする日本のような社会においては、標的とされた個人にとって深刻な結果をもたらす場合があります。仲間外れにされたり、クラスで笑いものになったり、英語で言えば“bullied(いじめられ)”たりと、どこの社会でも同じ現象が生じているようです。したがって、“イジメ”は人間に共通して備わっている悲しい性の一部に過ぎないのかもしれません。とはいえ、日本におけるイジメはより狡猾に思われます。より目立たぬように行われるため、事実上、防ぐのが難しいのです。“イジメ”がうまく隠されている場合、ヘルプを受けることは容易ではありません。実際、他人への礼儀と尊敬を絶対とする、社会的に非の打ちどころのない態度の下に、とんでもない悪人が隠れている場合があるのです。私にとって最もショックなのは、社会的規範の尊重と、そこからの極端な逸脱との溝の深さが時に存在し得ると気付くことです。日本に何年も暮らして、私は日本人は何事も徹底的にやるのだ、と気づくことができました。中途半端もグレーゾーンもどっちつかずも無し。日本人には徹底主義者の側面があり、これは素晴らしいと同時に恐ろしくもあります。イジメもこの規則に漏れず、標的とされた人は心理的に大きくダメージを受け、自殺にまで至るケースもあります。もちろん、あるいは不幸にもというべきか、他の国でも生じている問題ですから、文化的な違いを分析することは興味深いでしょう。たとえ心がいらだつテーマであっても!日本の“イジメ”を、まさに“日本的”にしている原因は何か?冒頭で述べた通り、社会的背景が大きく異なるため、このイジメには特殊な性格が与えられています。

日本人は、集団への帰属によってのみ自己を定義します。「私」よりも「私たち」が大切なのです。日本の若者の社会的発展とは、常に集産主義的な承認のなかで実現されます。つまり「私」はひとりでに成長することはなく、学校、地域、企業等々の中で形成されるのです。それでは個人が激しく排斥され、集団からのけ者にされた場合には何が起こるでしょうか?それはすなわち、自分の座標が根本から失われることを意味します。日本で集団に所属しないということは、単に存在しないことに等しいのです。こうしたイジメの暴力や心理的影響については、より適切な説明が可能かもしれません。集団とは、固有の命や力をもち、多くの点で最もつらい瞬間に驚くべき慰めを与えてくれる可能性のある存在です。いずれにせよ、日本社会は個人の成功、あるいは単に個人がクローズアップされることを善しとしません。ですから、自分が所属する集団から反感を抱かれたとき、同級生たちがひとりを標的にして団結したとき(個人に対する集団の臆病さはどの文化でも共通です!)、上司から言う事を聞かないやつだと思われたとき、ご注意を!たとえばフランス人の - 個人の言葉が本当の重みを持ち、臆することなく自分の意見を表明できる社会で育ったフランス人の - 頭に自然と浮かぶであろう真正面からのアプローチは、日本人にとっては不自然な対応と映るものです。反論することや、他人の反応を恐れず自分の主義主張を高らかに主張することに慣れていない場合、どうしたらよいのでしょうか?私の不健全な考えによれば、日本人はこうした場合 「ガマン」に走る傾向があります。

ガマンはいつも、私の手に負えません!どうしてこの状況を甘受することができるのか、理解に苦しむ場合があります。ガマンとは諦めて受け入れることだからです。「どうしようもない」「自分には何もできない」と。したがって、こうした精神状態は辛い状況から逃れるための行動をいっさい生み出しません。上司からパワハラを受けている?フランス人なら当然、辞職しますよね?少なくとも問題提起を試みるでしょう。しかし日本人は伝統的に、自分の魂の最後のかけらを失うまでガマンをします!日本人はパンチを食らい、もっと下さいと言える能力があるのです!こうした態度は見上げたものであり、不測の事態や人生の苦難に動じずにいられる力をもたらします。とはいえ、こうしたアプローチは、感情が哲学に従っていない場合には致命的とまでは行かずとも危険な可能性があります。自分を迫害する集団に対する「偉大な王子」然とした態度は確かに素晴らしいものですが、心がついてこなければ、偉大な王子はすぐに自らの忍従という城塞に囚われの身となりかねません。この場合、最も重要なのは「NO」と言えることです。フランス人はまったくためらうことなくNOと言えます!君主制にNO、あれそれの法律にNO、 誰もがデモに参加してNOと叫びます!フランス人はやり過ぎだ、反動的だという意見もあるでしょうが、今回の議論とは関係ありません。いずれにせよ、必然だという諦めを拒むことは、日本人にとってイジメの状況からの救いとなるでしょう。自分の本当の感情を表に出せることは、あらゆる“うるさいやつら”に対する特別の武器です!言葉は、自由な人間の源であり、苦境を脱する手段なのです。

ラ・ボエシーの有名な『自発的隷従論』の一節を思い出してください。「圧制者には、立ち向かう必要なく、打ち負かす必要もない。国民が隷従に合意しない限り、その者は自ら破滅するのだ。何かを奪う必要など無い。ただ何も与えなければよい。」 もしもある日イジメられる状況に陥ったら、何も与えてはいけません!心の健康を犠牲にしたり、イジメられるような原因を与えたりしないように。やむを得ない場合には、往復びんたを与えましょう。こうしたアプローチは最高に哲学的とは言えないものの、心の重荷を軽くしてくれます!

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