RIP!安らかに!

LesJaunesL’expérience d’une culture étrangère dépasse bien évidemment la langue, l’histoire ou la cuisine. Qui veut découvrir l’autre dans toute sa vérité ne devra pas ignorer les aspects culturels les plus choquants qui ressortissent pleinement de l’identité collective d’un pays. Des lors, s’il est primordial de savoir « vivre » avec l’autre, il n’en est pas moins nécessaire de savoir « mourir » selon les us et coutumes de son pays d’accueil. Eh oui vous l’aurez compris, cet article sera glauque. Ames sensibles s’abstenir ! On ignore trop souvent cet évènement de la vie quotidienne qui peut néanmoins s’avérer gênant, voire traumatisant, pour l’étranger naïf pétri de préjugés et ancré dans ses habitudes culturelles.

On dit souvent que les Japonais naissent dans le shinto, se marient dans le christianisme et meurent dans le bouddhisme. Comme meurt-on dans le bouddhisme ? Et bien pas très bien si vous voulez mon humble avis. Nous le savions tous, la vie est une histoire qui se termine globalement mal, au Japon vous n’avez pas idée ! Mettons nous en situation ! Vous recevez tout d’abord l’appel fatidique, l’annonce funèbre du départ d’un proche. Jusque-là, pas de fossé culturel particulier. il vous faudra juste avoir appris la formule consacrée aux condoléances (この度お悔やみ申し上げます kono tabi okuyami moushiagemasu). Ensuite les choses se gâtent…

Vous devrez vous rendre au domicile du défunt pour vous recueillir au-dessus de son cercueil…ouvert. Cette pratique qui n’est pas étrangère à la France s’est néanmoins perdue et peut s’avérer difficile pour ceux qui ne s’y sont pas préparés. Près du défunt se trouvent également des bâtons d’encens à faire bruler toute la nuit. Lorsque vous serez amené à vous exécuter, allumez les bâtons d’encens, ne les mangez pas ! (Ne riez pas, ça s’est vu ! Je ne cite aucun nom mais j’ai mes sources !). Je vous passe les divers rituels qui peuvent varier selon les doctrines pour passer au moment fatidique de la crémation. Je ne résiste pas à l’envie de vous raconter une expérience personnelle qui m’a pour le moins laissé sans voix. Rassemblés le lendemain de la veillée funèbre au crématorium, les invités participent pleinement au rituel et sont amenés à manipuler le défunt, ou plutôt ce qu’il en reste. Les cendres et os sont apportés sur une table et doivent être placés dans la dernière demeure du défunt, l’urne. Histoire de ne pas passer l’éternité la tête à l’ envers, ce qui ne doit pas être très agréable, les os sont mis des pieds jusqu’au crane. On ne les jette pas nonchalamment dans l’urne cependant !

Attention, nous passons aux choses sérieuses ! Quelle ne fut pas ma surprise quand les invités ont commencé à se mettre en rang par deux face aux ossements devant les membres de la famille du défunt, bouleversés évidement par l’évènement. Les vingt personnes devant vous vous empêchent de voir ce qu’il se passe, pourtant vous avancez, conscient que vous êtes censé faire quelque chose sans avoir la moindre idée de quoi ! Vous voilà donc arrivé, mortifié et interdit face à la famille, aux ossements et a l’urne, avec à vos côtés un autre invité et une immense paire de… baguettes ! Vous commencez à comprendre ? Eh bien oui, vous devez prendre les os avec les baguettes et les placer dans l’urne. Facile ? Pas vraiment ! Surtout que vous devez prendre une baguette, votre voisin prend l’autre et c’est à deux que vous devez vous exécuter ! Vous n’étiez pas prévenu, et n’avez donc pas pu vous exercer. Vous en venez à regretter de ne pas avoir joué plus aux Mikado ou à Docteur Maboule étant petit. C’est donc paniqué que vous tentez avec votre baguette de suivre en miroir les mouvements de votre compagnon de galère avec une seule pensée qui hante votre esprit : « Pourvu que je ne le fasse pas tomber, pourvu que je ne le fasse pas tomber, pourvu que je ne le fasse pas tomber ! ».

La fin de ce remplissage morbide est assez déroutante. Le maitre de cérémonie, de gants blancs vêtus, s’empare des os du cranes, qui comme nous l’avons dit sont les derniers à être placés dans l’urne et les « parade » devant les visages de la famille en les nommant. Imaginez la scène : « Alors ça c’est la mâchoire ! Ça c’est le nez, et ça euh… ça doit être un bout d’oreille… ». J’exagère à peine, mais j’ai trouvé cette pratique des plus insensibles. Je ne pouvais m’empêcher de penser que cette présentation des os du crane aux personnes les plus touchées par le décès devait être vécue de façon très traumatisante. Nous autres occidentaux avons une relation très pudique avec la mort. Avec le recul, je me dis que le caractère pour le moins « graphique » du rite mortuaire participe très certainement du mécanisme du deuil. Les cinq phases du deuil admises en psychologie (le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation), représentent un processus complexe, douloureux et souvent long. Cette confrontation à la mort encourage peut-être l’acceptation de l’inacceptable, à savoir la perte d’un être cher. Voir c’est croire. A cet égard, le choc de voir les reliques du défunt ne laisse guère de place au déni ou refus de la perte. Nier le tangible est impossible.

Quelle conclusion peut-on tirer du rituel funéraire bouddhiste tel qu’exposé ci-dessus ? (Je ne relate qu’une expérience vécue, des variantes sont néanmoins possibles). Ne négligez pas les travaux manuels ! Vous ne savez jamais quand votre dextérité sera mise à l’épreuve ! Et maintenant vous savez également pourquoi il est INTERDIT au Japon de planter ses baguettes dans son bol de riz : ce geste est intimement lie à la mort. Elles sont passées d’une personne à l’autre pour déplacer des ossements, et rappellent également les bâtons d’encens censés accompagner le défunt, alors ne tentez pas le diable !

Par Matthieu Lavalard

翻訳

安らかに!

LesRoses外国の文化を身をもって体験することは、もちろん言葉、歴史、あるいは料理といったものを超越します。外国人のありのままの姿を見たいと思う人は、その人が属する国の集団的アイデンティティに根ざした、最もショッキングな側面を無視するべきではないでしょう。ですから、外国人と「ともに生きる」術を知ることが最も重要であるとしても、自分の「受け入れ国」の慣行に従って「死を迎える」術を知ることも同じように必要です。そうです!もうおわかりでしょう。このコラムは陰鬱な内容ですよ。繊細な人は読まないように!「死」というイベントはあまりに無視されがちです。たしかに、先入観に満ち、自分の文化的習慣にしっかりと根を下ろした無邪気な外国人にとっては、気詰まりな、さらにはトラウマが残るようなイベントかもしれません。

日本人は神道で生まれ、キリスト教で結婚し、仏教で死ぬとよく言われます。仏教で死ぬとはどのようなものでしょうか。愚見によれば、あまり良いものではありません。我々フランス人はみな、人生はひとつの歴史であり、全体としてまずい結果に終わることを知っていますが、日本人はそれがわかっていません!それでは実際に何が起こるのかを見ていきましょう。まずは運命を告げる電話があり、身近な人のお葬式の知らせがあります。ここまでは、特に文化の違いはありません。ただお悔みの言葉を覚えておくだけで十分です (この度はお悔やみ申し上げます)。事態が悪化するのは、その後です…

亡くなった方の自宅へ赴き、棺の上で黙とうしなければなりません。そしてこの棺は…開いているのです。この習慣はフランスでも見られるものの、今ではほぼ行われなくなっているため、心の準備がない人にとっては厳しいかもしれません。亡骸の近くには、一晩中火を絶やさずにお線香が立てられます。自分の番が回ってきたら、線香に火をつけてください。食べないように!(笑いごとでなく、実際にあったのです!名前は出しませんが、確かな情報源があります)  火葬という運命の瞬間に関するさまざまな儀式は、教義によって異なります。ここでは私が度肝を抜かれた個人的な体験をご報告しましょう。お通夜の翌日、火葬に招かれた人びとは、儀式に全面的に参加し、故人を -というよりも、故人の「残り」を - 手で扱うことを求められます。火葬された後の灰と骨が机に広げられ、故人の最後の住まいとなる骨壺に入れられることになります。来世を混乱させないために、足の骨から順に頭の骨まで入れるのですが、それにもやり方があるのです!

ここから事態は真面目な局面に移ります。憔悴した故人の家族の前に並べられた骸骨に向かって、参列者が2列に並びはじめたとき、私はどんなに驚いたことでしょう。自分の前に20人も並んでいるので、何が起こっているのかは見えません。それでも前に進むにつれて、何かをやらねばならない、という事はわかってきます。まったく何をするのかはわからないままに!そして遺族、遺骨、骨壺の前に、茫然自失の状態で到着。隣にはもうひとりの参列者と巨大な… 箸!おわかりでしょうか?そうです!箸で遺骨をつかんで骨壺に入れるのです。簡単?ところがそうでもない。何といっても自分が1本、もう一人が1本の箸を持ち、二人でやらないといけないのですから!まったく知らされていなかったので、うまくできません。子どものころにMikadoやDocteur Maboulといった手先を使うゲームでもっと遊んでおけば、と後悔することになります。パニックになりがらも箸を持ち、ペアの相手の見よう見まねでやってみることになります。心の中ではひたすら「落としませんように、落としませんように、落としませんように!」と唱えながら。

この異常な儀式には、かなり困惑させられます。白い手袋をはめた進行役が頭部の骨をつかみ、先ほど述べた通り最後に骨壺に入れて、憔悴した遺族の前で行われる「パレード」を締めくくります。想像してみてください。「これが顎です!これが鼻、そしてこれは… 耳の先でしょうか… 」などと説明しながら入れていくのです。ここに書いたことに、ほとんど誇張はありませんが、私はこの最後の行為をもっとも遺族の心に対して冷淡だと感じました。故人の死を最も悲しんでいる人びとの前でその人の頭蓋骨を披露するなんて、心に大きな傷が残るだろうと思わざるをえませんでした。我々西洋人は、死に対してとても慎み深い関係を築いています。客観的にみると、西洋では葬儀や埋葬の「図式的な」性格が、喪のメカニズムを左右していることは間違いないように思われます。心理学が定義する喪の5段階(否認、怒り、取引、抑うつ、受容) は、複雑で辛い、そして大抵の場合は長いプロセスです。こうして死と向き合うことが、おそらく受け入れがたいものを受け入れることを促す、すなわち親しい人の死を受け入れることへとつながります。見ることは信じること。この観点から見れば、故人のレプリカ(遺骨)を目の当たりにするショックは、死を否認したり拒否したりする余地を与えません。触って確認できるほど明らかなものを否定することは不可能です。

上で述べたような、仏教に則った葬儀から得られる結論とは (私は自分で経験したことしか書いていませんから、これとは多少異なる場合もあると思われますが)。 まず、手を動かすことを怠ってはいけません!手先の器用さが試される時がいつ来るか、わかりませんから!そしてなぜ日本でご飯茶碗に絶対に箸を立ててはいけないか、 おわかりでしょう。死と密接にかかわっているからです。箸は人から人へと渡されてお骨を動かすために使われるものであり、それに故人の近くで焚かれるお香を思い出させます。危険なことを企てないでくださいね!

 

RIP!安らかに!

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